mardi 26 mai 2009
beau morceau de langue de bois à l'assemblée
Permettez moi de répondre point par point, à la lettre circulaire que m'avez adressée par mail et qui concerne la loi HPST.
1) La mise en place des ARS est une avancée considérable, car elle va permettre une gestion globale de l'activité médicale alors que jusqu'à présent l'hospitalisation était gérée par les ARH et la médecine ambulatoire par l'assurance maladie. Cette organisation sanitaire permettra d'optimiser le système de soin dans l'intérêt des français. Je ne vois nullement dans cette avancée l'idée d'une étatisation comme vos syndicats vous le font croire.
Je me permets également de vous rappeler que les ARS sont souhaitées par toutes les formations politiques, acceptées par toutes les formations syndicales et reconnues comme une nécessité par la majorité des français.
2) Concernant la liberté d'installation la loi HPST n'a instauré aucune mesure contraignante sur la liberté d'installation et le caractère non opposable des SROS ambulatoires ne donne aux ARS que très peu d'autorité sur les médecins libéraux.
Je me permets de vous rappeler que sur les 5000 médecins qui sont formés chaque année en France, seulement 500 (10%) s'installent en cabinet dans le cadre d'une activité libérale.
Vous devez donc vous poser la question de l'avenir de la médecine libérale, telle que vous l'exercez aujourd'hui et qui ne semble plus correspondre aux aspirations des jeunes générations. Ceux- ci se tournent d'avantage vers une médecine salariée ou vers une médecine libérale de groupe comme nous sommes en train de le développer dans de nombreux secteurs du territoire national.
Certains syndicats ne veulent pas admettre cette évolution des aspirations de nos jeunes confrères, il y va de leur responsabilité.
3) Concernant les relations entre médecins libéraux et cliniques privées, les amendements Bur et Préel ont été supprimés par la commission des Affaires Sociales du sénat avec l'accord des députés, car ils risquaient d'entraîner des difficultés d'exercice pour certaines spécialités déjà en difficulté exerçant sur les plateaux techniques (chirurgiens, anesthésistes et gynécologues....) et accentuaient le lien de subordination entre l'établissement et les professionnels.
4) Il y a dans la loi Bachelot aucune mesure vexatoire à l'égard des médecins mais simplement des mesures organisationnelles dont certaines peuvent avoir un effet protecteur sur les médecins. Ainsi en est il du "testing" qui est d'avantage proposé pour évaluer l'exactitude des plaintes des malades qui se diraient victime de discrimination dans l'accès aux soins, que pour contrôler les médecins. Le texte a été supprimé au Sénat.
Pour ce qui concerne la permanence des soins, (non rendues obligatoires par la loi), il y va de la responsabilité de chaque médecin de participer à une activité de garde ou astreinte . Dans le cas contraire, il ne faudrait pas s'étonner que les urgences des hôpitaux et clinique soient débordées pour des pathologies qui n'ont rien à y faire et que relèvent de la médecine ambulatoire.
5) L'amendement que j'ai déposé sur les 3 collèges à pour simple but de renforcer la spécificité des professionnels qui travaillent sur les plateaux technique (chirurgiens, anesthésistes, gynécologues) et qui sont comme vous le savez des spécialités en voie d'extinction alors qu'elles sont indispensables au système de soins français. Cela avait été souligné dans le discours du Président de la République de Beltran. Cela est le triste résultat de manipulation de la CCAM au détriment des spécialités interventionnelles. Ces professions seront mieux reconnues si elles s'identifient dans un collège spécifique et leurs revendications pourront être mieux défendues.
Je conçois cher confère que les réformes de structures et d'organisation induites par la loi Bachelot représentent une véritable évolution de l'organisation sanitaire qui n'a pour objectif que de répondre aux problèmes de santé publique posés à la France et attendus par tous les français, et qui sont :
- Existence de déserts médicaux dans des zones rurales ou péri urbaines
- Difficulté d'accès aux soins dans certaines zones (région parisienne) pour dépassements d'honoraires excessifs.
- Absence de permanence des soins organisés dans la plus part des grandes villes et recours systématiquement aux urgences de l'hôpital
- Désorganisation et manque d'efficacité de l'hôpital public
- Dé motivation du personnel hospitalier.
J'espère cher confrère que vous avez compris que les parlementaires n'avaient en rien la volonté de pénaliser la médecine ambulatoire mais au contraire de proposer aux médecins de nouveau schémas d'organisation dans l'intérêt des malades et des attentes des professionnels.
/Jacques DOMERGUE
Député de l'Hérault
Porte Parole du groupe UMP/
mardi 19 mai 2009
pour rappel lettre du président du CISS
"L'accès aux soins pour tous, ça vous intéresse ?"
12 mai 2009
Lettre ouverte des citoyens-usagers de la santé aux parlementaires, censés les représenter.
Paris, le 12 mai 2009
Mesdames les Députées, Messieurs les Députés,
Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,
L’examen par le Parlement du projet de loi relatif à l’hôpital, aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) vient de connaître un épisode inédit qui amène à constater, avec regret, mais c’est comme cela, que nos institutions démocratiques refusent de répondre aux attentes réelles des Français.
Quelle était l’ambition de ce projet de loi ? Assez simplement, il se proposait d’organiser un peu plus un système de santé qui ne l’était que très peu et dont les défauts dans l’organisation ont un effet délétère sur la cohésion sociale. L’enjeu était donc de définir une organisation qui permette enfin de décloisonner la ville et l’hôpital, le sanitaire et le médico-social, le préventif et le curatif... mais pas de répondre aux légitimes inquiétudes que peut susciter l’application de la tarification à l’activité (T2A) ou de se focaliser sur la seule question de la gouvernance à l’hôpital.
En effet, avec le temps la médecine qui soigne est devenue la médecine qui refuse les soins. Cela n’est plus acceptable, car l’on prélève auprès des citoyens, au travers des impôts, l’équivalent de pas moins de 206 milliards d’euros… pour ne plus être soignés.
• Car les soins sont refusés parfois de façon explicite par les médecins. En son temps une enquête du Fonds pour la couverture maladie universelle avait montré que 40 % des bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) n’avait pas accès aux spécialistes. Parce que ces médecins ne voulaient pas de cette clientèle-là.
• Plus sournoisement, les soins sont aussi refusés de façon implicite : les représentants des médecins ont obtenu que les gardes deviennent facultatives. Là où n’importe quel salarié comprend qu’il faut parfois accepter d’être de garde pour la continuité du service de la clientèle ou la sécurité d’un équipement industriel, certains médecins ont estimé qu’ils n’avaient aucune obligation de service public en échange des cotisations sociales que nous payons tous pour les faire vivre.
• Refus de soins implicites mais bien réels encore quand le rejet de toute contrainte à l’installation laisse des secteurs géographiques entiers sans médecins et des populations de plus en plus nombreuses sans solution pour être soignées.
• Refus de soins implicites encore quand les dépassements d’honoraires initialement prévus pour avoir un caractère exceptionnel deviennent la règle (6 milliards d’euros en année pleine tout de même !) et découragent ou interdisent l’accès aux soins de millions de nos concitoyens dans l’impossibilité d’acquérir une assurance complémentaire ou dont la couverture est médiocre.
• Avec une médecine de ville dans un tel état, il n’est donc pas étonnant que l’hôpital public serve de filet de sauvetage à tous ceux qui sont exclus des soins aggravant inutilement la pression sur un hôpital qui peine lui aussi à engager sa nécessaire évolution pour des raisons qui pourraient d’ailleurs faire l’objet d’une autre lettre ouverte. Car le spectacle du peuple hospitalier défilant avec les « plus hauts dépassements d’honoraires à l’hôpital » nous a laissés sans voix !
Voici donc pour le gros des effets délétères qui sont la conséquence du respect intangible d’un credo libéral bientôt centenaire et auxquels une majorité de médecins ne veulent pas renoncer : aucune incitation financière, et elles sont nombreuses depuis plus de 20 ans maintenant, n’a permis d’obtenir d’eux que le service rendu à la population s’améliore. Au contraire, comme on vient de le montrer, il se dégrade : beaucoup de médecins ont su prendre l’argent mais pas les obligations.
C’est pour faire pièce à cette dégradation dans l’accès aux soins que le projet de loi HPST projetait de mettre en œuvre quelques pare-feux.
Ces solutions n’étaient pas tombées du ciel. Elles ont été discutées. Des centaines d’heures d’échanges et d’auditions organisés par une demi-douzaine de rapporteurs commis à cette tache ont permis de réunir tout ce que la planète santé française compte de professionnels, de financeurs, de décideurs, de gestionnaires, de scientifiques, d’experts, de représentants d’usagers et de syndicats de salariés. Pendant une année, dont l’intensité n’avait rien à envier aux Etats généraux de la santé réunis en 1998, chacun a pu exprimer, dix ans après, ses positions et faire valoir ses attentes.
C'est maintenant le moment de regarder de près le sort que la majorité des représentants de la Nation a réservé à ces pare-feux, tentant d’organiser un système de santé au service de nos concitoyens plutôt que de le laisser continuer son œuvre destructrice pour les personnes malades comme pour la santé publique.
Nous prendrons quatre exemples qui nous tiennent à cœur pour que chacun comprenne bien, au travers de cette lettre ouverte, la conception de l’intérêt général de la majorité de nos représentants au Parlement, et plus particulièrement celle des Sénateurs dont la Commission des Affaires sociales a procédé à un véritable démantèlement de quelques dispositions innovantes proposées par les députés.
1/ D’abord, le texte du projet de loi comportait un dispositif aménageant la charge de la preuve au profit du patient victime d’un refus de soin. Ce n’était pas si mal.
Et pas si nouveau : nous l’avions accepté pour les discriminations dans l’accès au logement ou dans l’accès au travail. Dans ces deux domaines, c’est à celui qui discrimine d’apporter la preuve que son comportement n’a pas conduit à la discrimination plutôt que de faire reposer uniquement sur la victime l’obligation de démontrer qu’elle l’est.
Les députés ont obtenu le retrait de ce dispositif. En lieu et place, ils ont créé une commission « bidon » chargée d’examiner les litiges en matière de refus de soins dont ils seraient saisis. Cette commission serait composée pour moitié… de médecins. En la matière, il semblerait que l’on puisse être juge et partie !
Après le cycle « prélavage » à l’Assemblée Nationale, l’article 18 a donc perdu l’aménagement de la charge de la preuve.
2/ Cependant, l’Assemblée nationale, ce qui est à son honneur, avait au moins accepté d’aggraver les sanctions en cas de dépassement en prévoyant une amende dans les cas de non-respect du tact et de la mesure dans la fixation des honoraires ou dans les cas de discriminations dans les soins et de refus de soins.
Au cycle « lavage » de la Commission des Affaires sociales du Sénat, ces avancées en faveur des usagers ont été retirées.
3/ D’ailleurs le cycle « lavage » à la Commission des Affaires sociales du Sénat s’est fait à très haute température : c’est aussi la possibilité de conduire des actions de « testing » qui a disparu.
De quoi s’agissait-il ? De prévenir les refus de soins en essayant de les identifier pour mieux les combattre. Etait-ce choquant ? Non, nous le faisons dans d’autres domaines quand les comportements contreviennent à l’ordre républicain. Cette méthode a d’ailleurs reçu l’agrément de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Au nom du respect du principe constitutionnel d’égalité de traitement, elle opère dans tous les domaines où un citoyen est écarté en raison d’un critère prohibé de distinction. En supprimant le « testing », la majorité sénatoriale à la Commission des Affaires sociales révèle que la République l’indiffère et qu’il faut faire litière du principe d’égalité d’accès aux soins !
4/ La Commission des Affaires sociales du Sénat a forcé sur le cycle « essorage » en faisant disparaître tout début de solution dans la lutte contre les déserts médicaux.
Les députés avaient proposé un « contrat solidarité santé » potentiellement applicable en 2013, sous réserve que d’autres « mesurettes » incitatives n’aient pas produit d’effet. La majorité des sénateurs de la Commission des Affaires sociales, qui a sans doute oublié au passage qu’elle invoque à chaque seconde sa qualité d’élus de proximité, a supprimé sans émotion le caractère obligatoire pour les médecins de ce contrat solidarité santé.
Pourtant, les clauses de ce contrat ne prévoient pas plus qu’une solidarité entre médecins de zones sur-dotées et sous-dotées. C’est vraisemblablement déjà trop pour une majorité de médecins décidément très attachés à leur liberté d’installation !
Au moment où d’autres professionnels de santé acceptent avec courage, comme les infirmières, des mesures de régulation pour mieux répartir l’offre sur tout le territoire au nom de l’intérêt général, certains médecins quant à eux n’entendent pas être solidaires des citoyens.
Nous aurions pu multiplier les exemples du travail de sape de l’intérêt général : médicalisation de l’éducation thérapeutique, abandon de l’obligation d’offre à tarif opposable pour les établissements de santé privés en situation de monopole…
Au travers de cette lettre ouverte chacun de nos concitoyens a maintenant compris que l’intérêt général n’est donc pas la valeur la mieux partagée par les représentants de la Nation en situation de décider au Parlement.
Probablement, la composition de l’Assemblée Nationale comme celle du Sénat au moment où l’on s’intéresse à la santé dicte-t-elle plutôt la préservation des intérêts des députés-médecins ou des sénateurs-médecins.
C’est dommage !
Mesdames et Messieurs les Parlementaires ne comptez pas sur nous pour faire de l’anti-parlementarisme. C’est denrée courante en France, il n’est pas utile d’en rajouter.
En revanche, approchant du terme de cette lettre ouverte, vient l’heure de la morale.
Le Collectif interassociatif sur la santé représente une voie d’expression des attentes de nos concitoyens en matière de santé. Cette expression est courageuse, sereine, affranchie de tout corporatisme, et respectueuse du débat démocratique.
Certains d’ailleurs ont choisi de disqualifier notre parole quand nous avons apporté notre soutien critique à un projet de loi qui se proposait de mettre un terme à la désorganisation coupable de notre système de santé mais qui proposait également des mesures visant un meilleur accès de tous aux soins.
Ils ont joint leur voix à tous ceux qui se sont exprimés pour que le pouvoir médical soit un pouvoir sans limite. Voici le résultat : députés et sénateurs majoritaires ont clairement opté pour l’intérêt d’une corporation, toutes catégories confondues.
Mesdames les Députées et Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Députés et Messieurs les Sénateurs qui avez voté ces renoncements au principe d’égalité d’accès à la santé, vous vous rendez complices de l’inégalité croissante dans l’accès à la santé.
Nous sommes en colère !
Pour le Collectif interassociatif sur la santé
Christian Saout,
Président
http://www.leciss.org/
lundi 18 mai 2009
lettre réponse au président du CISS
A monsieur Christian Saout
Président du CISS
Le 18 mai 2009
Monsieur,
Dans votre lettre ouverte aux sénateurs et aux députés vous fustigez, une fois de plus, les médecins libéraux et en particulier ces ignobles généralistes qui refuseraient de s’astreindre au service public après leurs journées de 13 heures de travail.
Ces nantis de médecins qui même s’ils n’arrivent qu’à la rémunération des généralistes tchèques, ne méritent pas, en réalité, de gagner leur vie avec leurs 70 heures de travail hebdomadaires et leurs 10 ans d’études non rémunérées pour la plupart des anciens. Non ils ne le méritent pas car après leur double plein temps de semaine, ils refusent de rajouter 10 heures de garde de nuit ou jour fériés. Un réel scandale, vous avez tout à fait raison de le souligner.
La nation, qui finance autant les universités de médecine que les autres a pourtant déjà trop sacrifié à ses fainéants qui dorment la nuit au lieu de travailler et parfois les 7 nuits de la semaine ! Incroyable ! Cette même nation qui leur paierait des sommes vertigineuses en charge sociale, tellement vertigineuses que le montant ne peut apparaître nulle part, ne pourrait pas, en retour, utiliser ces médecins de bas grade pour aller desservir des petites communes du fin fond des départements ruraux. Impensable ! Car s’ils sont taxés comme des libéraux, ces médecins qui sont à vous lire, finalement des assistés, sont en dette toute leur vie, de leurs études comme de leur contrepartie conventionnelle à la dégradation de leurs honoraires. Et oui, nous médecins généralistes libéraux, sommes les heureux bénéficiaires d’une médecine de premier recours qui ne permet même pas l’emploi d’une secrétaire à temps plein . Nous sommes les heureux bénéficiaires d’un travail qui ne nous laisse plus aucun loisir. Nous sommes les heureux bénéficiaires des réquisitions préfectorales, travail sous contrainte au pays des droits de l’Homme.
Vous avez parfaitement raison. Alors pour nous repentir, nous vous proposons, bien humblement et la tête basse, de nous admettre comme les vertueux médecins des hôpitaux dans les rangs des salariés de la fonction publique.
Nous accepterons sans état d’âme les 35 heures et même nous nous sacrifierons pour atteindre les 48 heures hebdomadaires s’il le faut. Nous sommes prêts à suivre la règle des congés payés, celle de la protection sociale intégrée et celle dictée par le code du travail.
Nous sommes même tellement prêts que beaucoup d’entre nous ne rêvent que de çà. Retrouver une vie de famille après un travail circonscrit dans le temps, quel luxe ! Ne pas être contraint par les réquisitions à dépasser les limites du possibles en matière de temps de travail, quel bonheur ! Etre protégé par une assurance réelle dans chaque moment de notre exercice, quel confort !
Et finalement, comme salarié médecin des hôpitaux notre gain horaire restera remarquablement plus élevé que celui d’un libéral.
Méfiez-vous donc d’un retour de bâton. Si tous les médecins libéraux deviennent salariés, alors les déserts fleuriront sans personne cette fois à vilipender et pour un coût autrement plus élevé. A force de décrire votre perception de la réalité vous nous offrez une raison supplémentaire pour fuir la médecine générale libérale.
N’oubliez pas que tout le mépris contenu dans vos propos ne servira qu’à empirer la situation déjà difficile des médecins généralistes encore installés et ne fera rien pour attirer les jeunes vers ce métier décrié et dénigré.
Mais les patients que vous êtes sensé soutenir n’ont rien à attendre de cet interminable concert de critiques amères délétères et stériles. Ils risquent fort, par contre, de regretter la disparition de cette profession.
Docteur Guillemette Reveyron
mardi 12 mai 2009
Pourquoi les médecins généralistes ne peuvent rien espérer de la Loi HPST
Si certains en doutait encore,voilà pourquoi madame la ministre mi temps Santé ne peut pas réinvestir sur les soins de premier recours.
Et sans réorientation rapide de la politique de la santé sur les soins primaires,comment espérer sauver la médecine générale?
Le chapitre de la création d'un pool de petits fantassins "utilisables" au gré des directeurs des ARS pour boucher ici ou là les trous signalés par les électeurs est un grand moment de cette émission et un échantillon de l'intelligence et de la vision globale dont témoigne cette prétendue réforme.
lundi 11 mai 2009
Loi HPST devant les sénateurs
CHAPITRE V
« Continuité des soins en médecine ambulatoire
« Art. L. 6315-1. - La continuité des soins aux malades est assurée quelles que soient les circonstances. Lorsque le médecin se dégage de sa mission de soins pour des raisons professionnelles ou personnelles, il doit indiquer à ses patients le confrère auquel ils pourront s'adresser en son absence. Le médecin doit également informer le conseil départemental de l'ordre de ses absences programmées dans les conditions et selon les modalités définies par décret.
« Le conseil départemental de l'ordre veille au respect de l'obligation de continuité des soins. »
Mesdames messieurs les sénateurs
Les médecins généralistes libéraux sont des professionnels de santé hautement qualifiés et responsables mais ils restent des professionnels libéraux.
Par un texte de loi vous leur imposez de nouvelles contraintes, celle d’une permanence et d’une continuité des soins sur tout le territoire.
Il s’agit bien là de missions de service public.
Ainsi la Loi permettrait de se décharger sur des professionnels libéraux d’une responsabilité de l’Etat sans une quelconque concertation, sans évoquer les moyens nécessaires ni engager des négociations indispensables avec les professionnels eux-mêmes.
Mesdames messieurs les Sénateurs, la réalité de l’exercice de la médecine générale en France en 2009 s’articule autour d’une pénurie de plus en plus préoccupante de médecins généraliste autant liée à une précipitation des départs à la retraite qu’à un non choix par les nouveaux diplômés de ce métier à haut risque, mal honoré et contraignant.
En inscrivant dans la Loi toujours plus de contraintes sans aucune référence au possible, vous alourdissez la charge pesant sur ces professionnels de santé et vous aggravez le caractère intenable de cet exercice.
La Loi donnerait-elle la solution pour qu’un médecin installé en campagne puisse prendre des vacances légitimes ou ne pas être en situation de veille permanente, s’il se retrouve isolé comme c’est encore le cas à ce jour pour de nombreux médecins ruraux ou des zones périurbaines?
La réponse est non. Ce qui signifie qu’un médecin installé seul en milieu rural ou en zone périurbaine devra nuit et jour et 365 jours par an assurer une permanence et une continuité des soins. Rien n’est prévu dans ce cas-là sauf, pour ce médecin, de dévisser sa plaque et contribuer, ainsi, à étendre la désertification médicale.
Mesdames et messieurs les sénateurs, peut-on légalement dénaturer l’aspect libéral de l’exercice de la médecine générale en y portant les contraintes du service public sans aucune contrepartie, sans aucune réflexion, sans organisation réaliste ?
La médecine générale en France est en péril. Les médecins généralistes dont les innombrables missions sont gravées dans la Loi ne disposent en moyenne que d’une aide en personnel à tiers temps (agent d’entretien et secrétariat confondus). Ni la Loi, ni leur rémunération ne leur permettent d’espérer une amélioration de leurs conditions d’exercice en engageant des secrétaires ou des professionnels paramédicaux, contrairement à ce que madame la ministre de la Santé aime à le laisser entendre en évoquant les très hypothétiques maisons de Santé. La médecine générale libérale connaît, depuis quelques années, une baisse du nombre d’actes. Cette situation traduit un moindre recours de nos concitoyens vers les médecins généralistes. Or les médecins généralistes, dans un souci de rationalisation des dépenses de santé, devraient constituer le premier maillon de l’accès au soin. Les exceptions sont telles qu’elles ne confirment plus la règle. Les professionnels de santé, dont les revenus ont le plus pâti de la mise en place du « médecin traitant » sont les médecins généralistes. Pourtant ils persistent à réclamer une réforme organisant les soins de façon rationnelle mais donnant de vrais moyens aux médecins de première ligne parce qu’ils restent les gardiens de l’équité dans l’accès au soin.
Mesdames et messieurs les sénateurs, légiférer sur les congés ou l’utilisation possible des réquisitions préfectorale pour la médecine générale libérale reste une des façons d’accélérer la désertification médicale en France. Les offres d’emplois salariés seront bientôt plus nombreuses que les nouveaux médecins généralistes formés, emplois salariés plus nombreux mais aussi mieux rémunérés .Le salariat en outre, permet la protection du médecin par le code du travail et interdit par exemple la réquisition d’un médecin sur 44 ou 72 heures consécutives comme on le voit pour les généralistes libéraux.
Mesdames et messieurs les sénateurs la loi HPST ne fait que réaffirmer l’hypertrophie de l’hôpital dans le système de santé en France alors que les moyens dévolus aux soins primaires restent dangereusement insuffisants. Le budget de fonctionnement de l’assurance maladie représente plus du double de celui de la médecine générale. Comment à partir de cette réalité, peut-on élaborer une réforme sans définir une vraie politique de santé qui préserve l’ avenir d’un accès aux soins pour tous ?
vendredi 8 mai 2009
Lexique législatif loi HPST
Lexique législatif
LOI HPST
H comme Hôpital : La première place dans cette loi est celle de l’hôpital. Ce n’est pas une surprise puisque l’hôpital représente plus de la moitié des dépenses de santé
L’hospitalocentrisme est réaffirmé tout au long de cette loi. Les moyens sont prévus pour l’hôpital : création de 200 000 postes dans la fonction publique, augmentation programmée de plus de 2 milliards par an du budget consacré aux hôpitaux avec rallonges budgétaires renouvelables sur dossier comme pour les HCL à Lyon
Les services d’urgence et Samu consomment plus de 5 000 millions d’euro par an sans que la Loi n’envisage une quelconque régulation .16 millions de français passent par les urgences chaque année. 80% de ces urgences n’en sont pas et 80% de ces passages se font aux heures d’ouverture des cabinets médicaux. Un français sur quatre va aux urgences. En Allemagne, pour une population comparable, le nombre de passage aux urgences est de 6 millions.
La loi HPST vient renforcer le déséquilibre français :
Pour 100 000 habitants, Le nombre d'hôpitaux est de 1,24 au Danemark contre 4,8 en France.
Le nombre de lits pour 100 000 habitants est de 382 au Danemark contre 748 en France.
La durée moyenne d’un séjour à l’hôpital est de 5 jours au Danemark contre 11,7 jours en France.
La santé au Danemark pour un niveau de qualité identique coûte 9% du PIB contre 11% en France
Notre ministre le dit elle-même : « Nous avons une caractéristique, c’est que nous sommes , dans le monde, le pays qui dépense le plus pour son hôpital ».
Par contre, en France, les personnes âgées dépendantes ne trouvent pas assez de structures d’accueil.
P comme PATIENTS :
Les représentants des patients sont invités à siéger aux ARS. Mais vu le nombre de sièges distribués, ce fait ne prend de valeur qu’en négatif .Par exemple, quel rôle va-t-on imposer à l’Ordre des Médecins de jouer en lui faisant miroiter un strapontin ? Ou quelle preuve de soumission aux vœux du ministère devront fournir les URML pour être admises à la figuration ?
Patients, comme ceux des campagnes qui voient s’éloigner les centres hospitaliers et s’élargir les secteurs de permanence des soins et dévisser les derniers médecins qui résistaient encore ?
Patients, comme ceux qui se soumettent chaque année à des tests de dépistage qu’ils ont le devoir de financer mais dont la fiabilité reste aléatoire ?
Patients, comme ceux qui attendent pendant des mois une carte vitale incapable de s’adapter au changement de département ou à la multiplicité coûteuse des caisses tandis que les professionnels de santé se voient contraints de financer la télétransmission pour alléger le travail des caisses.
S comme santé :
Santé comme lorsqu’on trinque à une fête, celle de l’incohérence de l’absence de projet, du rafistolage pour réussir une loi qui ne nuit à aucun des intérêts politiques de ce gouvernement.
Santé comme pour mémoire, comme excuse ou comme vœu pieux.
Santé pour les politiques qui réussissent à faire croire à une réforme tout en renforçant les erreurs qui ont conduit à l’échec et à des gaspillages.
Santé comme celles des Etats Unis qui dépense plus de16% de son PIB pour une médecine inégalitaire et qui devient, au fil des réformettes, le futur de la France.
Santé, c’est ce qui reste de l’OMS après s’être assis sur ses dernières recommandations sur l’investissement massif dans les soins primaires.
T comme Territoire :
Territoire comme celui de l’hôpital et de sa gouvernance qu’il convient politiquement de ménager.
Territoire pour faire écologique mais sans rapport avec la réalité qui évoque plutôt la progression du désert.
Territoire pour y laisser en veille les médecins généralistes libéraux nuit et jour et 365 jours par an sans même évoquer une quelconque façon de leur en donner les moyens.
Territoire sous l’autorité des préfets ou des Ars pour exiger de ces médecins une présence médicale qualifiée, continue, peu coûteuse et sous contrainte.
Territoire comme une demande de l’électorat et des élus d’une présence médicale sur tout le territoire, déchargée sur les médecins libéraux, sans aide, sans ressources autres que les réquisitions et la régulation de leurs congés.
samedi 2 mai 2009
Quand le ministre de la santé joue au ni oui ni non
vendredi 1 mai 2009
Quand le préfet impose au médecin de quitter la campagne
Quand le préfet impose au médecin de quitter la campagne
Médecin de campagne, une activité chargée la journée et une garde qui revient toutes les semaines. Pour une femme médecin, avec 5 enfants à la maison on apprend à jongler avec les secondes. Tout roule jusqu’à ce que la fatigue s’insinue du matin au soir. Tout va bien jusqu’à ce que le manque de sommeil se fasse sentir à n’importe quelle heure du jour. Tout semble normal jusqu’à ce qu’elle ne réussisse plus à garder les yeux ouverts au cours des consultations. Pas besoin d’être médecin pour reconnaître les signes d’un épuisement. Alors il devient impossible de faire quelques kilomètres sans s’endormir au volant et nécessaire de réagir.
Mais à la campagne, les remplaçants ne se bousculent pas. Elle essaie alors de récupérer le dimanche quand elle n’est pas de garde, en dormant. Les enfants ont appris à patienter et à s’occuper seuls. Puis commencent les soucis de santé, les maux de tête, l’hypertension, les anomalies à l’ECG et les radios perturbées.
Tout cela n’est pas nommé comme maladie, donc impossible d’obtenir une dispense de garde. Pire cette demande est mal perçue par les collègues et les responsables ordinaux qui refusent une exemption ne voyant dans ces symptômes que des manifestations d’une certaine nonchalance déculpabilisée.
Puis la loi permet bientôt de se déclarer non volontaire pour la garde. Pouvoir dormir chaque nuit après une journée trop chargée en heures de travail, un luxe, un vrai plaisir, une aubaine.
Mais les autorités préfectorales guidées par le conseil de l’ordre infligent l’humiliation de la réquisition préfectorale. Les gendarmes en uniforme surgissent au milieu d’une consultation pour déposer un ordre de travail pour la nuit et le week end. Et là commence une vraie galère, le sentiment d’être instrumentalisée, d’être contrainte, alors que le sommeil manque, à se relever la nuit, dans un état second pour gérer des consultations hautement risquées sur le plan médicolégal. Cerise sur le gâteau, la réquisition annule toutes les assurances du médecin qui se retrouve complètement exposé et livré aux aléas d’évènements qui lui échappent. Crier justice ne rime à rien. Pourtant avec l’aide de confrères confrontés aux mêmes problèmes le médecin s’engage dans des actions en justice pour tenter de faire respecter ses droits de citoyenne : droit de refuser un travail imposé, droit à la liberté. Des droits constitutionnels.
Il faut vite déchanter. Le droit de réquisition sur le médecin généraliste est un droit de contrainte par corps. Normalement il devrait être rattaché à une situation d’urgence, de catastrophe naturelle, de guerre, mais finalement pour combler les vides du service public, on n’est pas trop regardant. Les juges ne voient donc rien à redire à une liste de réquisitions qui s’égrènent de mois en mois allant de 12h à 44h consécutives, les nuits et les week ends. Ils ne trouvent pas non plus répréhensible que ces réquisitions ne s’accompagnent pas du versement de l’astreinte normalement due au médecin de garde. Bref, la procédure en appel confirme le jugement initial :le médecin est corvéable au gré des lacunes du service public. On n’est plus là dans l’urgence ni dans l’exceptionnel de la réquisition mais dans le quotidien d’une gestion du service public par ordre de travail sous menace pour le professionnel de santé libéral, assujetti, lui, à toutes les taxes du médecin libéral mais chargé là de répondre, sous la contrainte, des carences de l’Etat. Pourtant lors de ces réquisitions, elle travaille encore dans la plus parfaite illégalité sur plusieurs points : - - - -L’absence d’assurance qui peut être dommageable tant pour le professionnel que pour les patients qu’il reçoit et qui est interdite depuis la loi du 4 mars 2002
-L’état de fatigue avéré dans lequel elle se trouve et cette fois, de jour comme de nuit quand il devient impossible de se reposer autant que nécessaire pour pouvoir exercer en toute sécurité.
Mais l’argumentaire administratif, le nom d’un médecin dans la case correspondante, prime sur toute autre considération.
Le préfet a donc raison de réquisitionner. Les juges le confortent dans cette procédure. C’est au médecin de s’adapter. Le médecin n’a aucune envie de se voir condamné au pénal pour une faute grave, pas plus qu’elle ne souhaite rencontrer un platane sur la route en s’endormant au volant, ni aller jusqu’à de graves problèmes de santé comme l’infarctus ou le cancer du sein. Il ne lui reste donc qu’une solution, déménager.
Le déménagement est donc programmé cette fois-ci.
Le médecin va s’installer en ville, dans une petite ville du midi où le préfet, lui, a été condamné pour réquisition abusive et n’a pas fait appel.
Le médecin sollicite le conseil départemental de l’ordre des médecins et le préfet de son précédent département pour qu’ils expliquent à ses patients, en particulier ceux dont elle était le médecin traitant depuis plus de 25 ans, pourquoi elle ne pourra plus assurer leur suivi. Elle demande aussi à madame le ministre de la Santé de rendre compte aux parlementaires de toute l’attention que son ministère porte au problème de la désertification médicale.