vendredi 5 juin 2009

L'autre discours de notre ministre

M. François Autain. - Il est dommage que M. Vasselle retire systématiquement des
amendements qui enrichissent le débat.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. - Ils enrichiraient surtout les médecins...
M. François Autain. - La vie conventionnelle est déjà moribonde, et vous ne faites rien,
madame la ministre, pour la ranimer. La proposition de M. Vasselle concernait des
médecins qui, pour la plupart d'entre eux, ne pratiquent pas de dépassements
d'honoraires. Pour toute récompense, ils se voient refuser une augmentation du tarif
conventionnel.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. - Ils ne sont pas malheureux.


Mme la ministre ,

Je viens de lire le dernier rapport sur la discussion en cours au sénat et les bras m'en tombent ( offrir le même traitement aux généralistes et aux spécialiste "enrichirait surtout les médecins"dites vous en répondant au sénateur Autain) je suis très en colère contre vous et ceux que vous représentez.

Le mépris dans lequel vous tenez la médecine générale et les médecins généralistes n'a pas de nom et je suppose qu'il traduit celui de notre gouvernement, de votre parti et de notre président à leurs égards. 

Les médecins généralistes ne demandent pas l'aumône ils demandent simplement les moyens de travailler et de développer leur outil de travail, ils demandent une égalité de traitement avec les autres spécialités médicales a commencer par une égalité de rémunération de l'acte de consultation. Je dis bien :" a commencer" , car pour être à égalité il faudrait également les mêmes moyens pour l'enseignement, les mêmes moyens pour la formation, les mêmes droits et les mêmes devoirs pour l'exercice de la profession...ect. Quand ils réclament cela ce n'est pas pour augmenter leur BNC mais leur chiffre d'affaire afin de pouvoir comme toute entreprise investir pour atteindre l'excellence et offrir le meilleur à ceux qui font appel à leur savoir.

Pour la majorité des français le médecin généraliste est le premier et le seul recours de proximité, contrairement à ce que vous laissez croire ils prennent en charge les plus pauvres (99,92% des consultations des généralistes dans ma région sont faites au tarif conventionnel sans dépassement) en vous attaquant à eux c'est à leurs patient que vous vous en prenez. En refusant de leur donner les moyens de travailler vous refuser de donner les moyens de se soigner à leurs patients les plus fragiles.

Les propositions que vous faite pour régler le problème de la démographie médicale et l'accès au soins des Français vivant loin des centres urbains ou dans des zones dites difficiles ne sont que des emplâtres technocratiques, démagogiques et populistes sur une jambe de bois. 

Les généralistes ont besoin de vraies mesures pour leur permettre de faire face dans 5 ans à la perte de 30% de leurs effectifs, ils ont besoin tout comme leurs confrères spécialistes d'organe ou leurs confrères hospitaliers d'avoir les moyens financiers d'embaucher des secrétaires pour gérer non seulement les dossiers de leur patients et leur parcours de soins mais aussi toutes les paperasseries que quelques bureaucrates salariés inventent entre deux pauses café dans vos services et ceux des caisses d'assurance maladie. Ils ont besoin comme les autres de moyens financiers pour moderniser leur outil de travail ( peut être pas tant que les centres hospitaliers qui ornent leurs façades de murs de verres et de sol en marbre mais un peu quand même). 

"ils ne sont pas malheureux" ajoutez vous quelques minutes plus tard en répondant à M. Autain qui vous rappelle le rôle et les responsabilités sociales que prennent les médecins généralistes auprès des plus démunis. Non ils ne sont pas malheureux vous avez raison ils ont seulement un taux de suicide double de celui de la population française, 14% soit 19 par jour. Ce n'est pas qu'ils soient malheureux  vous avez raison, c'est qu'ils sont burn-outé dit on. Combien seront ils dans 6 ans les burn outés incapables, parce que sans moyens, d'assurer leurs fonctions grâce à vous. Mais je vous rassure vous n'aurez pas mon burn out et encore moins ma TS sur la conscience j'aurais décroché ma plaque bien avant comme beaucoup de mes confrères je partirais vers un plus confortable travail salarié.

Je m'arrête là avant d'aller trop loin a cause ma colère (j'allais vous parler des revenus des pharmaciens ou des sportifs...), je retourne vers mes patients pour soulager leur maux pendant que j'en ai encore les moyens.

Je me rends compte en écrivant ces mots combien j'aime ce métier que vos choix politiques vont détruire. 

Réflexion faite si vous me permettez un conseil, je me dis que si vous voulez sauvez la médecine générale et l'accès aux soins pour ceux qui n'auront pas les moyens d'aller dans les hôpitaux ou voir les spécialistes d'organe je me demande si le mieux ne serait pas finalement que vous ne vous en occupiez pas.


Veuillez agréer Madame la ministre ma plus grande désespérance

JM MATHIEU
Médecin de campagne
Médecin généraliste enseignant 

PS: je me tiens à votre disposition  (une fois ma colère redescendue) pour vous faire découvrir la vraie vie et les vrais besoins des médecins de proximité. 

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