mercredi 8 juillet 2009

médecin sopalin

DAX. Dans la nuit de dimanche, une Dacquoise a veillé le corps de son mari en attendant un médecin pour établir le certificat de décès

Urgence non vitale

', width: 600}); return false;">« Nous sommes pompiers, pas médecins », s'insurge le major Mucci face à la situation vécue dimanche à Dax. (photo « so »)
« Nous sommes pompiers, pas médecins », s'insurge le major Mucci face à la situation vécue dimanche à Dax. (photo « so »)

Dans la nuit de dimanche à lundi, vers 3 heures du matin, le mari d'Yvonne a rendu son dernier souffle dans les bras de sa femme. Le couple vit à Dax dans le quartier de Saubagnacq. Yvonne, 85 ans, appelle les sapeurs-pompiers qui arrivent et ne peuvent que constater le décès. Mais seul un médecin peut rédiger le certificat. Les pompiers dacquois contactent alors le SAMU, qui leur répond qu'aucun praticien ne peut se déplacer, l'unité mobile se trouvant engagée ailleurs. Consigne est donnée de laisser le corps sur place et d'attendre le lendemain 8 heures que les médecins libéraux reprennent leur garde. Ce qu'Yvonne a fait, un peu décontenancée, mais heureusement bien entourée par sa famille et ses voisins.

Carences

Le scénario a en revanche fortement déplu au major Dominique Mucci, chef adjoint du centre de secours de Dax et vice-président national du syndicat des sapeurs-pompiers professionnels (SNPP). Dès lundi, il adressait un courrier au préfet pour pointer « un dysfonctionnement sérieux dans la permanence des soins [...] cet exemple met en exergue des carences inacceptables pour un service public dû à l'ensemble de la population, qui plus est pour des personnes âgées, demeurant en milieu urbain. Alors quid du milieu rural ? »

En filigrane, la douloureuse question de la réorganisation des secteurs de garde. Il y a deux ans, ils étaient encore 42 dans les Landes, ne sont plus que 34 aujourd'hui, et ne devraient plus être que 16 avec la mise en place de trois équipes SMUR supplémentaires pour les urgences de nuit.

Depuis un an et demi à Mont-de-Marsan et Dax, il n'y a qu'un seul médecin de garde de 20 heures à minuit en semaine, le SAMU prenant le relais jusqu'à 8 heures. Le week-end, deux praticiens volontaires assurent cette garde de midi à 24 heures le samedi, et de 8 heures à minuit le dimanche. Dans les intervalles, pour joindre un médecin, il faut s'adresser au SAMU, ce qui a été fait dimanche. Mais en l'espèce, il n'y avait plus urgence. « La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ! » selon le major Mucci.

Enquête administrative

Les médecins dacquois contactés hier reconnaissent que la situation vécue dimanche à Dax est « humainement peu tolérable », mais qu'elle ne remet pas en cause un système qui les soulage de tours de garde individuellement lourds et coûteux pour la collectivité. « C'est dur psychologiquement, mais pas scandaleux, estime le Dr Philippe Duchesne. Un certificat de décès n'est plus une urgence médicale. La sécurité sociale n'est pas inépuisable et il faut réserver l'argent aux personnes que l'on doit soigner. La question est plutôt : comment va-ton faire avec 40 % de généralistes en moins dans les 15 ans ? »

Le coup de gueule du major Mucci a néanmoins déclenché une enquête administrative confiée à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS). « Nous sommes bien d'accord qu'il y a eu une anomalie et qu'il faut trouver une solution pour prendre en compte l'humain, même s'il n'y pas urgence, reconnaissait hier la directrice de la DDASS Colette Perrin. Cela fait partie des choses à discuter en septembre avec les syndicats de médecin et les pompiers. »

Yvonne et son mari ont quelque part été dimanche victimesde « l'évolution des mentalités et des pratiques » d'une profession en particulier et de la société en général. Seule certitude : l'époux d'Yvonne sera incinéré cet après-midi à 16 heures à Dax. Et là, pas besoin de médecin.

Auteur : emma saint-genez
e.saint-genez@sudouest.com

Tags : Landes Santé Médecine Actualité

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